Philippe Monneret est professeur de linguistique à la Faculté de Lettres de Sorbonne-Université. Il a enseigné, jusqu'en 2015, à l'Université de Bourgogne.   Il est   fondateur et directeur des Cahiers de Linguistique analogique, secrétaire général de la revue Le Français moderne, membre du comité de rédaction de la revue Signifiances et membre du comité éditorial de la revue Romanica Olomucensia

Du caractère métaphorique de la construction du sens linguistique et du caractère analogique de la description scientifique :
que dire donc d'une description scientifique de la construction du sens linguistique ?

 

Pierre-Yves Raccah, CNRS

UMR 7270 – LLL, Orléans

 

 

Je vais tenter de défendre deux positions, sur deux domaines différents, toutes deux apparemment contestables parce qu’inattendues, et les combiner pour en tirer une position, peut-être un peu moins inattendue, sur la combinaison de ces domaines.

Je montrerai d’abord que toute construction de sens induite par des énoncés d’une langue humaine est nécessairement métaphorique, et ce, en raison de la nature même des langues humaines. Je montrerai ensuite que toute théorie scientifique s’appuie sur des analogies projetées depuis les structures du langage de la théorie vers le domaine dont la théorie est une théorie, et ce, en raison de la nature même des théories scientifiques. J’en tirerai des conséquences sur les caractéristiques que doit avoir une théorie scientifique de la construction du sens linguistique.

La première démonstration est abstraite (nécessité logique) et illustrée par l’examen d’un cas (ancrage existentiel). La deuxième démonstration vise un état de faits contingent (il n’était pas nécessaire que les théories que la société considère comme scientifiques possèdent ces caractéristiques) : sa démonstration est donc empirique, et sa validité est donc provisoire ; j’essayerai de montrer cependant que ce provisoire risque de durer longtemps…

 

Les conséquences que je tirerai de tout cela, sur les caractéristiques d’une théorie de la signification des langues humaines, ne sont pas les seules possibles, mais je tenterai de convaincre que le cadre théorique original qu’elles définissent évite les écueils de la plupart des autres approches de la sémantique et permet de rendre compte de phénomènes que ces autres approches sont tenues de considérer comme inexplicables.