Philippe Monneret est professeur de linguistique à la Faculté de Lettres de Sorbonne-Université. Il a enseigné, jusqu'en 2015, à l'Université de Bourgogne.   Il est   fondateur et directeur des Cahiers de Linguistique analogique, secrétaire général de la revue Le Français moderne, membre du comité de rédaction de la revue Signifiances et membre du comité éditorial de la revue Romanica Olomucensia

Théorie de la relation interlocutive: système, medium et environnement

 

D. Roulland, Professeur émérite, Université Rennes 2

 

La proposition guillaumienne selon laquelle « nous ne savons penser que par contraste », et donc par une relation à la fois de différenciation et d’ identification, nous oblige à considérer que le sens réside dans la construction de ce que Merleau-Ponty appelait l’ « extérieur », l’altérité, le non-explicite. Or, l’environnement d’un système est par définition complexe et il ne se laisse pas observer directement par lui. Il ne peut donc pas être intégré immédiatement, au 1er degré, mais doit faire l’objet d’une médiation. Les systèmes linguistiques sont généralement réduits à une relation contrastive binaire (fondée en logique), mais ils montrent en fait volontiers des structures ternaires, où figure un medium central comme par exemple la 3e personne par rapport aux 1ère et 2ème, ou le genre neutre par rapport au couple féminin/masculin. Le but de cet exposé sera de montrer que des formes centrales de ce type peuvent être mises en évidence de façon rentable. Les exemples seront pour la plupart pris en anglais et en français. Une attention particulière sera portée, en regard du couple anglais any / every, au « quantifieur » some, dont la position médiative explique les emplois paradoxaux entre indétermination et actualisation.